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Et vous, où se situe votre locus de contrôle?

Voilà un terme bien étrange dont vous n’avez, peut-être, jamais entendu parler. Le locus de contrôle peut-être interne, externe, ou quelque part entre les deux. Sa place est hyper importante puisqu’elle va avoir un impact direct sur notre humeur, notre vie, notre niveau de bonheur et de confiance en nous. Alors qui est ce locus de contrôle, et quels sont ses réseaux? Lisez notre grande enquête exclusive pour tout savoir sur ce sujet absolument pas controversé. (Lecture: 5min11).

Qu’est-ce que le locus de contrôle?

Ce drôle de terme est directement traduit de l’anglais (locus of control), puisque le concept a été initialement proposé par le psychologue américain Julian Rotter en 1954 (retenez bien ces infos, elles sont essentielles pour comprendre la suite) (ah non, pardon). Ce brave Julian s’est intéressé à la façon dont nous gérons nos « réussites »*, et plus particulièrement aux croyances qui se cachent derrière chacun de nos « succès »* . 

Laissez-moi vous retranscrire ça pêle-mêle: en gros, quand on est face à une « réussite » ou un « échec »*, nous pouvons y réagir de deux manières différentes. Soit nous estimons que tout est de notre responsabilité, soit nous estimons que rien n’est de notre ressort. 

Prenons l’exemple d’Anne-Liseron et de Macarius. Tous deux viennent de rater leur code de la route. Anne-Li analyse la situation et estime que, contrairement à ce qu’elle avait anticipé, lire son livret vite fait 10 min avant l’examen n’était pas suffisant pour être bien préparée. Clairement, elle s’est planté car elle n’a pas assez travaillé. Si vous demandez à Macarius pourquoi il n’a pas eu son code, il vous répondra que l’examen était très difficile, bien plus que ce qu’il pouvait anticiper car, comme par hasard, il y a eu une énième mise à jour du code 3 semaines à peine avant qu’il ne le passe. Et puis il y avait beaucoup de questions pièges, bien plus que d’habitude. Bref: c’est pas sa faute et il n’y peut rien.

Bon, ils ont loupés le code, ok, mais sachez qu’ils viennent tous deux d’être promus au travail. Si Anne-Liseron estime sa promotion bien méritée – elle bosse à fond les ballons depuis longtemps, ce brave Maca, lui, est très étonné qu’on lui ait filé ce nouveau poste. Pour lui c’est clair, c’est un gros coup de bol et, à tout moment, son boss peut le rétrograder – donc ne nous enflammons pas trop.

Anne-Liseron prend la responsabilité de ses « échecs » autant que de ses « succès » : elle a un locus de contrôle interne; Macarius met ses « réussites » et ses « échecs » sur le compte du hasard, de la chance ou de la malchance, du destin et des autres: son locus de contrôle est donc externe.

*je mets les termes « échec », « réussites » et « succès » entre guillemets, puisque la définition de ces notions diffère d’une personne à une autre

Interne ou externe, c’est quoi le mieux?

Si je vous pose la question après la lecture du paragraphe précédent, vous allez très probablement me répondre que la vision d’Anne-Liseron a l’air plus sympa que celle de son homologue masculin et imaginaire. En d’autres termes, on a souvent l’impression, sur le papier, qu’un locus de contrôle interne vaut mieux qu’un locus de contrôle externe. Et bien… ce n’est pas si simple.

Ici, comme c’est finalement souvent le cas dans la vie, tout est question d’équilibre. C’est sur, un locus de contrôle externe a tendance à rendre malheureux (il semble d’ailleurs y avoir un lien entre locus externe et dépression) et à faire perdre confiance en soi. En effet, si je suis persuadé.e que je n’ai aucune action possible sur ma vie, que tout ce qui m’arrive est entre les mains d’une force extérieure à moi, du destin ou encore du bon vouloir des autres, il y a des chances pour que je me retrouve à subir ma vie. Si j’attends que des trucs cool me tombent sur le coin de la tête sans rien faire, sans me mettre en action, je risque effectivement d’attendre longtemps, et d’être triste et déçu.e. Pas glop.

Mais un excès de locus interne peut être tout aussi nocif: si je suis persuadé.e que TOUT dans ma vie dépend de moi et uniquement de moi, je risque de devenir ce que nos amis anglo saxons appellent « un.e control freak* ». Et puis bonjour le stress si on ne peut jamais se reposer sur qui ou quoi que ce soit d’autre que soi-même. Il devient également facile de se blâmer pour tout et n’importe quoi, de prendre la responsabilité d’actions qui ne nous concernent pas… Ça vous rappelle quelque chose?

* Un.e obsédé.e du contrôle

Locus et distorsions cognitives

Il y a aussi d’autres options possible. Par exemple, certain.e.s alternent entre un locus interne et externe. Ils ou elles vont alors prendre la responsabilité de leurs « échecs » mais mettre leurs « réussites » sur le compte de la chance. L’inverse est tout aussi possible. D’autres vont se prendre la tête en permanence pour savoir qui est le fautif: est-ce que tout est ma faute? Est-ce que je n’y suis pour rien?

Vous vous souvenez des distorsions cognitives? Et bien c’est, entre autres, par ce biais que va s’exprimer notre locus – car oui, tout est lié. On retrouvera un locus de contrôle interne de l’extrême dans la personnalisation et son fameux « tout est ma faute »; remettre la responsabilité sur les autres ou le monde, c’est ce que traduit l’accusation; et puis alterner entre « tout est ma faute » et « rien n’est ma faute », ça revient à utiliser les pensées « noir ou blanc » appelées aussi le « tout ou rien ».

Dans un monde merveilleux, nous prendrions donc la responsabilité de nos « réussites » comme de nos « échecs » sans oublier d’intégrer dans l’équation la part de hasard, de chance, ou encore le fait que nous ne sommes pas seul.e.s sur Terre et que les autres peuvent avoir une influence sur notre vie. Mais est-ce que c’est faisable, ça? (spoiler: oui).

Comment déplacer son locus de contrôle?

Avant de faire glisser langoureusement le curseur de son locus d’un coté ou d’un autre de la balance, il peut être interessant de savoir, dans un premier temps, où se trouve ce curseur. Pour cela, il existe des tests en ligne (garantis sans coton tige dans le nez, promis). Il en existe tout un tas, comme celui-ci (en français) ou encore celui là (en anglais). Il y en a d’autres, mais je vous conseille de privilégier les tests qui ont au moins 18 questions et dont le résultat s’exprime en pourcentage – à mon sens plus parlant qu’un résultat binaire « interne ou externe ». Voilà, c’est mon conseil, mais vous faites bien ce que vous voulez.

Le fait de savoir que ce locus existe et de connaitre sa position nous permet déjà de prendre conscience de la façon dont nous fonctionnons. Et puisqu’il s’agit de croyances (car rappelons le, tout est lié et tous les chemins mènent à Raiponce), nous pouvons choisir de voir les choses sous un angle différent. 

Macarius pourra, par exemple, se rappeler que son locus est un peu trop externe, et chercher ce qu’il aurait pu faire de plus pour se donner les moyens de réussir son code. Peut-être qu’effectivement, le test qu’il a passé était particulièrement difficile – et dans ce cas il devrait l’avoir la prochaine fois. Peut-être qu’il y a des choses qu’il peut mettre en place pour s’assurer un meilleur résultat – et dans ce cas, il devrait l’avoir la prochaine fois. 

Anne-Liseron, elle, pourra se rappeler que, si elle a bien mérité sa promotion, elle a aussi tout une équipe derrière elle sur qui elle peut se reposer, en apprenant à déléguer, par exemple. Elle ne peut pas tout contrôler, c’est impossible, et la bonne nouvelle c’est qu’elle n’a pas besoin de le faire.

Finalement, il s’agit « tout simplement »* de prendre conscience de ses forces, de ses faiblesses, de ce qui dépend de nous et de ce qui n’en dépend pas; de se mettre en action et de travailler pour obtenir ce qu’on veut, tout en se rappelant que nous ne sommes pas seul.e.s, qu’on peut demander de l’aide autour de nous. Souvenons-nous également qu’il existe une part de chance  dans tout ce que nous entreprenons et qu’elle est, peut-être, plus ou moins importante que ce qu’on pourrait croire.

Et vous, alors, il est où, votre locus de contrôle? 

*celui là je le mets entre guillemets car nous sommes bien d’accord, c’est plus facile à dire qu’à faire. 

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