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Sacrifices et compromis: comment prendre soin de son couple

couple

Il y a quelques semaines, je vous expliquais dans cet article la différence entre sacrifice et compromis (je vous en recommande la lecture avant de poursuivre ici pour avoir toutes les notions bien en tête).  Si vous le voulez bien, allons un peu plus loin aujourd’hui en nous focalisant sur un type de relation particulier: le couple. (Lecture: 5min19)

Rappel sacrifice versus compromis

C’est sans doute la phrase qu’on entend le plus de la part de personnes en couple ou donnant des conseils sur les relations de couple: « Eh oui, il faut faire des compromis! ». C’est dommage que personne ne pense à nous apprendre, au passage, ce qu’est un compromis. 

Je vous le disais dans l’article précédent, on confond (trop) souvent cette notion avec celle de sacrifice. On nous fait croire – à tort, si vous voulez mon avis et si vous êtes là c’est qu’à priori, vous le voulez – qu’il est normal de se sacrifier quand on est en couple. Pire, ce serait soi disant une marque d’amour que de se rendre malheureux, de s’empêcher de faire pleins de trucs dans le but de faire plaisir à l’autre. Et ça peut aller très loin, tel Leo se laissant crever de froid suite au naufrage du Titanic pour sauver Kate, alors qu’il y avait clairement assez de place pour deux sur cette planche – je sais que James Cameron a dit le contraire, il ment, ok?

Ça ne choque personne cette histoire? Inversons la situation une seconde. Imaginons que vous aimiez quelqu’un très fort. Vous voulez un truc, et l’autre veut le contraire. Votre cher.ère et tendre vous informe qu’il ou elle va renoncer à son besoin, même si c’est très douloureux, parce que votre bonheur lui importe plus que le sien. C’est ok pour vous? « Ma recette du bonheur? Faire souffrir mon partenaire de vie ». Que celleux qui trouvent que c’est une magnifique preuve d’amour lève le doigt.

Se sacrifier, ou comment tuer son couple

Alors exposé comme ça, vous vous dites surement que c’est scandaleux toute cette histoire. Pourtant, il y a environ 90% de chance pour que vous ayez, à un moment donné de votre vie, fait un sacrifice et/ou demandé à votre partenaire d’en faire un pour vous. C’est toute la difficulté de la vie à deux: on a un projet commun, avec une entité commune (le couple), composée des deux individus différents qui ne partagent pas toujours les mêmes besoins, et pas forcément en même temps. Parce qu’on est un couple et qu’il est communément accepté que faire des compromis, c’est LA BASE, et qu’un compromis revient à jeter ses besoins à la poubelle… repérer les sacrifices est particulièrement compliqué. Accepter de laisser l’accès total à la TV à l’autre (« elle a besoin de se changer les idées, elle travaille tellement »), de prendre en charge toutes les tâches de la maison (« il est très fatigué, il travaille tant… Et puis j’ai essayé de changer les choses, il me dit oui mais il ne le fait jamais de toute façon. Ça me prend moins de temps de le faire moi-même que d’avoir une discussion avec lui ») ou encore de faire des soirées avec les potes de l’un, mais jamais de l’autre…. Tous ces petits sacrifices du quotidien nous paraissent tellement normaux que nous les acceptons sans broncher. 

Alors que non, tout ça n’a rien d’acceptable. Pire, se sacrifier en permanence pour mieux satisfaire l’autre crée un énorme déséquilibre dans le couple. On risque, à un moment ou un autre, de péter un câble et de sortir une liste de reproches à l’autre. Quand on en arrive là, on ne cherche plus, bien souvent, à se comprendre, trop occupés que nous sommes à expliquer à notre partenaire que tout est sa faute. Un couple, c’est comme un triangle (oui on part sur une métaphore): si la base n’est pas solide, à un moment ou un autre, tout va s’effondrer. Sauf que dans ce cas, la base, c’est que chacun.e soit heureux.se et épanoui.e.

Repérer les sacrifices, chercher un compromis

Comme on est sur un processus super automatique, repérer les sacrifices que nous faisons à la gloire de l’autre et au nom de l’amour – qui n’a rien demandé, rappelons-le – peut être très compliqué. Heureusement, la nature est bien faite et nous a doté.e.s d’un formidable système d’alarme, bien plus efficace que tous les produits de Securitas: les émotions. Elles sont les garde-fous de nos besoins, nous protègent et nous guident vers le bonheur. Un outil proprement extraordinaire que nous avons, tout naturellement, appris à ignorer. Une émotion désagréable se pointe? Je vais faire comme si elle n’existait pas, ça ira surement mieux après. Et si, à la place, on la capturait pour l’interroger? Que veut-elle? D’où vient-elle? Quels sont ses réseaux? Drogue, prostitution et… Ah non pardon, je m’emballe. Il n’empêche, identifier notre émotion, la nommer (non, « je ne me sens pas bien » n’est pas le nom d’une émotion) et comprendre la cause de notre ressenti, c’est ce qui va nous permettre de mettre le doigt sur le besoin non comblé qui se cache derrière. 

Ce sera donc notre point de départ pour éviter les sacrifices: quand une situation dans mon couple me rend triste, me met mal à l’aise, génère une émotion désagréable, je le signale à l’autre. « Je ne sais pas ce qui se passe, mais je sens que quelque chose ne va pas dans cette histoire. Je vais y réfléchir et je reviens vers toi ASAP » est une phrase tout à fait acceptable à sortir à son partenaire. On peut ensuite prendre le temps de réfléchir à ses besoins. Qu’est-ce qui me gêne dans cette situation? Qu’est-ce que je voudrais à la place? Qu’est-ce qui pourrait me permettre de me sentir mieux? 

Une fois mon besoin identifié, je peux alors en discuter avec mon partenaire afin que nous cherchions ensemble, un vrai compromis: une solution qui nous satisfait tou.te.s les deux. 

Il se peut que vous vous retrouviez face à une personne qui refuse de vous écouter, de vous prendre en compte et de chercher un compromis. Ou qui vous dise « bon ok pour cette fois, mais c’est exceptionnel ». Dans ce cas, j’ai envie de vous inviter à répondre à la question suivante: est-ce que vous voulez être en couple avec une personne qui assure son bonheur… au détriment du vôtre?

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