Relations hommes-femmes: mieux communiquer pour plus d’égalité
L’égalité hommes-femmes est un sujet dont vous avez très certainement déjà entendu parler. Charge mentale, change émotionnelle, charge écologique…. On peut dire que le poids de beaucoup de tâches repose principalement sur les femmes dans notre société*. Si certaines estiment que c’est aux hommes de se « bouger » tous seuls pour apprendre à équilibrer les charges de la vie, je crois plutôt qu’une bonne communication est nécessaire. (Lecture: 3min55)
Se mettre à la place de l’autre
Quand on se penche sur l’histoire de la répartition des charges matérielles et immatérielles, on s’aperçoit assez vite qu’il n’y a rien d’inné là dedans. Non, les femmes n’ont pas de prédispositions génétiques pour faire le ménage, la cuisine, les courses et penser à prendre les rendez-vous médicaux. Et ce ne sont pas non plus des activités que nous kiffons particulièrement. Le fait que les tâches se soient retrouvées séparées de cette manière n’est pas non plus un hasard et s’explique par des siècles d’Histoire. On peut le résumer comme ceci: pendant (très) longtemps, le couple était une sorte de partenariat au sein duquel l’homme s’occupait de ramener la pitance (et donc l’argent), pendant que la femme s’occupait de la maison, des enfants et de toutes les tâches relatives à la vie de la famille. Il y avait donc une réparation des tâches… Madame gérait le quotidien, telle une super assistante de direction, pour que Monsieur puisse se consacrer à sa carrière et faire vivre tout le monde. Ce dernier point est, à mon goût, trop peu souvent mis en avant. Si vous avez déjà été la seule personne d’un couple à avoir un salaire, vous savez à quel point cela peut être stressant et pesant que la survie d’autres individus repose sur vos seules épaules.
Alors bien sûr, de nos jours ce modèle est obsolète… sauf qu’il perdure encore subtilement dans notre éducation. On s’aperçoit que dans notre façon de parler aux enfants, dans la culture, à l’école… on apprend aux petits garçons à se comporter d’une manière, et aux petites filles à se comporter d’une autre. Je ne vais pas rentrer dans le sujet plus précisément ici, il existe beaucoup d’articles sur les conditionnements de genres et une petite recherche Google vous renseignera sur le sujet. L’important ici, c’est de comprendre que nous ne sommes pas élevés de la même manière et que donc non, les hommes ne font pas exprès de ne pas faire. Non, ce qui nous parait, à nous les femmes, tellement évident, ne l’est pas nécessairement pour eux. Il n’y a donc, à mon sens, pas lieu de se mettre en colère ou de leur répéter à longueur de journées que « pffff! non mais laisse tomber, je vais le faire, tu fais n’importe quoi ».
Aider l’autre à comprendre
Il y a quelques mois, mon compagnon et moi-même étions en déplacement pour le week-end. Après une première nuit en chambre d’hôtes, nous décidions, avant de partir, d’enlever les draps du lit. Je regardais avec surprise et un peu d’effroi l’homme de ma vie jeter négligemment la housse de couette par terre, en boule. « Non, non, m’écriais-je, on les plie!! ». Il me jeta un regard étonné et plein d’incompréhension, mais s’exécuta en silence. Le lendemain, après avoir passé une nuit chez des amis, même scénario: je dû ramasser les draps jetés à terre et lui demander de m’aider à les plier. Sur le chemin du retour, il m’indiquait ne pas avoir bien compris toute cette histoire de draps. Pour lui, ils allaient être lavés et les laisser par terre était une façon de faire gagner du temps à nos hôtes. « Pour moi, lui expliquais-je, c’est impoli. Déjà, ça oblige les gens à se baisser. Ensuite, on ne connait pas l’organisation de nos hôtes en matière de lessive; peut-être qu’ils lavent les draps housses ensembles, les taies d’oreillers aussi, les housses de couette une par une.. Et on leur ajoute potentiellement un tri supplémentaire. L’idée c’est aussi de laisser un espace propre et rangé ». Réponse de l’intéressé: « Ah!!!! Mais quand tu me l’expliques comme ça, je me dis que tu as raison, et maintenant je plierai toujours les draps en partant. Quand tu m’as dit hier de les plier sans autre explication, je me suis dit que tu avais décidé que ta façon de faire était mieux que la mienne, sans aucune raison, et que tu essayais de me l’imposer ».
C’est un exemple qui a été marquant au sein de notre couple. Nous en avons tiré ensemble deux leçons: de mon coté, je ne dis plus « ça, ça se fait comme ça », mais « en fait on fait plutôt comme ça car…. » ou « pourquoi est-ce que tu fais comme ça? »**; de son coté, s’il me voit prendre en charge une tâche d’une certaine manière, qui diffère de ce qu’il ferait lui, il me demande pourquoi. Globalement, on se dit depuis que si on a la sensation que l’autre a soudainement un comportement ou un discours très éloigné de sa personnalité habituelle (par exemple, moi qui me mettrais à lui imposer mon point de vue), alors il y a certainement une info qui nous manque. Et on en parle, calmement, en cherchant à se comprendre.
Se remettre en question
Oui, les hommes sont conditionnés à ne pas s’occuper de certaines tâches, à ne pas prendre rendez-vous chez le médecin ou encore à laisser la responsabilité de leurs émotions entre les mains de leur douce moitié. C’est important, messieurs, que vous en preniez conscience, que vous lisiez des articles, des BDs, des livres sur le sujet et que vous en discutiez avec les femmes qui vous entourent. L’égalité est dans l’intérêt de toutes et de tous, le vôtre aussi, promis. Si vous en doutez, tapez « masculinité toxique » dans votre moteur de recherche.
Mais…. nous aussi, les femmes, sommes conditionnées à prendre soin des autres, à prendre la responsabilité de leurs émotions, à s’assurer qu’ils font « les choses correctement », à faire à leur place. C’est pourquoi retirer la communication de l’équation en demandant aux hommes de se débrouiller et de se bouger pour en faire plus me semble profondément injuste: on ne leur a simplement pas appris à faire autrement. Imaginez commencer un nouveau job pour lequel vous ne recevez aucune formation, mais tous vos collègues ont 20 ans d’expérience. À chaque fois que vous posez une question à quelqu’un, on vous envoie balader en vous expliquant que ce n’est pas normal que vous ne sachiez pas faire ce truc pourtant tellement évident. Une fois sur deux, on vous répond même par un « pfffff….. non mais laisse tomber je vais le faire »… Et les fois où vous tentez de vous renseigner, mettez de l’énergie à comprendre seul.e ce qu’on attend de vous, on vous dit que ce n’était pas comme cela qu’il fallait s’y prendre. Comment vous sentiriez-vous ? Accepteriez-vous d’effectuer une action qui ne vous intéresse pas et vous prend du temps alors même que vous ne savez pas comment la faire, ni ce qui est attendu de vous, ni même pourquoi vous le faites ? Tout en sachant que quelqu’un va passer derrière vous pour juger la qualité du résultat selon un barème subjectif dont vous n’avez pas connaissance…
Il me parait également important d’avoir conscience de ses propres conditionnements: non, nos conjoints n’ont pas besoin qu’on leur rappelle qu’ils ont un rendez-vous, ni qu’on leur dise que s’ils ne partent pas maintenant ils vont être en retard parce qu’à partir de 16h il y a des embouteillages, qu’ils devraient mettre un pull parce qu’il va faire froid d’ici 2h, ni même qu’on prenne à leur place leur rendez-vous chez le dentiste. Eux aussi sont adultes et capables de s’auto-gérer.
Mais on peut leur demander pourquoi ils ne le font pas, proposer de les aider dans une démarche s’ils ne savent pas comment s’y prendre, leur dire gentiment que nous non plus, ça ne nous amuse pas de faire des lessives et de les étendre, leur expliquer pourquoi on plie les draps au lieu de les jeter par terre en boule… On peut aussi prendre le temps de mettre en place un partage des tâches intelligent, en se demandant ce que chacun préfère faire et, au contraire, ce qu’on déteste. Et se rappeler qu’en couple, comme au travail, il est toujours plus rentable sur le long terme de former quelqu’un pour pouvoir déléguer que de tout faire soi-même sous prétexte que dans l’immédiat, c’est mieux fait.
*oui, il s’agit d’une généralité, et oui, messieurs, je sais que certains d’entre vous assument ces charges là dans le couple. Et oui, on est sur un sujet hyper hétérocentré, mais comme je ne sais pas comment cela se passe dans les couples de même sexe, je préfère ne pas en parler pour éviter les clichés. Ajoutez votre expérience sur le sujet en commentaire!
** Nous faisons parfois les choses d’une certaine manière parce qu’on nous a appris à les faire comme cela et qu’on ne l’a jamais remis en question. Rester ouvert.e aux propositions de l’autre peut aussi nous faire évoluer et gagner du temps. Par exemple, j’ai récemment appris qu’il n’était pas nécessaire d’éplucher les asperges vertes (non maman, on n’as pas besoin de les éplucher, la preuve ici!). Depuis, ma vie a changé.