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Dans quelle mesure sommes-nous vraiment libres?

Nous avons la chance de vivre dans une société plus libre que jamais, et pourtant… Pourtant, les injonctions et les règles sont omniprésentes. Il faut être mince mais pas trop, poli.e en restant spontané.e, gentil.le mais pas trop, faire de soi sa priorité en restant généreux.se, coller à des idéaux en restant soi-même… Alors qui définit les règles, et sommes-nous aussi libres qu’on veut bien le croire? (Lecture: 4 min48)

La loi versus les règles 

Voilà deux notions à ne pas confondre si on veut éviter la prison. Les deux ont toutefois un point commun: nous les avons définies, en tant que société. Concrètement, cela signifie que nous avons établi un code de conduite manichéen avec d’un coté, le bien, et de l’autre le mal. Des notions qui ont largement évoluées au fil des siècles. Si, de nos jours, il est très mal vu de tuer son voisin, il fut un temps où cela n’avait pas vraiment d’importance, surtout si le dit voisin était votre esclave et que vous aviez donc droit de vie et de mort sur sa personne. 

Le bien et le mal… Un code que nous avons une légère tendance à utiliser pour bitcher sur nos concitoyen.nes, sans aucune demie-mesure. « Ginette a pris 3kg pendant le confinement, il est temps qu’elle se reprenne en main »; «  Marcel se teint les cheveux, trop la honte pour un homme! » et j’en passe. Alors ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je suis personnellement ravie que nous ayons des lois! Franchement, pouvoir sortir de chez soi sans se dire que la première personne qui passe peut nous buter en toute quiétude, j’aime bien. En plus j’adore menacer les gens incompétents de porter plainte contre eux via mon avocat imaginaire, donc vraiment, loin de moi l’idée de cracher sur cet aspect de notre société. Les lois, je valide. 

Quid des règles? 

Les règles de la société, ce sont toutes ces petites choses pour lesquelles on ne sera pas jeté derrière les barreaux, mais dont l’absence de pratique nous vaudra tout de même un jugement terrible: celui des autres. Cela peut aller de dire « bonjour » à « merci »,  en passant par sortir dans une tenue que nos semblables estiment acceptable, et puis cela recouvre aussi toutes les injonctions, tout le politiquement correct, ce qui « se fait » et ce qui « ne se fait pas ». Là encore, tout cela sort du cerveau d’êtres humains. Il a été communément accepté que certains comportements sont ok quand d’autres ne le sont pas. Ce sont, comme les lois, des notions qui ont évolué avec le temps. Si à certaines époques il était indécent pour les femmes de montrer ne serait-ce que leurs chevilles, à d’autres moments de l’histoire elles pouvaient limite sortir les seins à l’air sans que ça ne provoque le moindre émoi; si aujourd’hui le porno nous explique qu’avoir un organe de taille imposante est pour les hommes un signe de virilité, il fut un temps où un petit pénis était préférable car signe d’intelligence et de rationalité. 

« Break the rules » mais pas quand il y a une pandémie mondiale, nous rappelle Boris Johnson.

Break the rules, not the law

On le sait, transgresser les lois a des conséquences plutôt lourdes. C’est donc à éviter (à moins que le confinement ne vous manque horriblement). Mais que se passe-t-il quand on sort du cadre établit et qu’on décide de ne plus respecter les règles? Peut-on vraiment suivre ses envies, même si elles sont mal vues et nous valent de folles critiques? Oui. Peut-on vraiment se détacher à 100% du regard des autres et tailler sa route seul.e sans se soucier du qu’en-dira-t-on? Je ne crois pas. Alors n’y a-t-il pas un juste milieu à trouver? Suivre les règles générales qui nous conviennent (par exemple, à titre personnel, je trouve la politesse vraiment cool et remercier ceux qui nous entourent me semble extrêmement important), et créer ses propres règles, celles qui nous permettent de nous épanouir, de nous sentir pleinement en phase avec nous-même, pleinement épanoui.e. Cela ne signifie pas qu’il FAUT se foutre du regard des autres; simplement qu’entouré.es de personnes qui nous comprennent et partagent nos règles – ou, au moins, qui les respectent – nous offre la possibilité d’être plus libres. Cela ne veut pas dire non plus qu’on peut tout se permettre et écraser autrui dans le plus grand des calmes juste parce qu’on peut. Simplement qu’il est possible de respecter les autres tout en se respectant soi. Encore faut-il pouvoir briser les règles… Cela n’a rien de simple, mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle*?

* Je vous mets ici l’explication de cette expression si, comme moi, vous vous demandez ce que peut bien valoir une chandelle.

Peut-on véritablement être soi en suivant les règles définies par d’autres?

J’aimerais vous partager une histoire, après avoir visionné l’excellent documentaire Netflix « The last dance » sur Michael Jordan et les Chicago Bulls. (Attention, spoiler, même si techniquement, je ne sais pas si on peut spoiler l’Histoire..).

Un épisode est particulièrement centré sur un joueur au doux nom de Dennis Rodman. Après une enfance plutôt craignos,  sa mère le fout à la porte quand il a 18 ans. Dennis passe alors plusieurs années à être SDF, et se réfugie dans le sport, le basket en particulier. Cela lui vaudra d’être sélectionné pour jouer dans l’équipe des Pistons de Détroit. Comme à l’époque le sport n’était pas méga règlementé, Dennis, qui tente de coller aux règles de la société alors qu’il se sent différent et très seul, passe ses nerfs sur le terrain de basket, essentiellement en tabassant les joueurs des équipes adverses. Il se crée ainsi la réputation d’être un ingérable bad boy, et se fait virer de son équipe, qui le file aux Spurs de San Antonio en mode « bon courage les mecs ». Heureusement que le type était doué. Malheureux comme les pierres, s’en prenant plein la figure, se sentant seul et rejeté pour ce qu’il est, Dennis disparait pendant un temps que j’ai oublié, mais enfin assez longtemps pour que son équipe s’inquiète et se lance à sa recherche. On le retrouve sur un parking, endormi dans sa voiture, une arme à feu à la main. Dennis a donc frôlé le suicide. Peu de temps après, il fait une rencontre qui va changer sa vie: Madonna (la chanteuse, pas la vierge Marie sinon la suite serait vraiment chelou). Ils sortent ensemble et la reine de la pop lui dit tout de go: « Mec en vrai, tu peux être toi-même et faire tout ce que tu veux, je te jure, il se passe rien. Tu peux me croire, moi je me suis masturbée dans un documentaire sur ma vie donc je sais de quoi je parle ». Des mots qui ont su résonner chez Dennis: il se fait piercer à différents endroits du visage, change de couleur de cheveux plus vite que de chemise, et demande des vacances pour prendre de la drogue et fréquenter des prostituées de luxe se reposer lorsque, plus tard, il joue avec les Bulls. Il a continué à être critiqué, mais pour ce qu’il était et non ce qu’il n’était pas, et son talent comme basketteur a enfin été pleinement reconnu. Au sein des Bulls, il a été aimé, écouté, et respecté. Il n’était plus « le bad boy du basket » mais « un excellent sportif de haut niveau un brin excentrique », ce qui me parait plutôt mieux.

Ne pas pouvoir être qui on est, se sentir jugé.e en permanence à la moindre expression de soi suscite du mal-être et peut conduire à la dépression et au suicide; c’est loin d’être anodin. Et si s’écouter et être pleinement soi, libre de créer ses propres règles devenait la seule règle à suivre? Sans pression, dans le respect de chacun.e, à son rythme… Le monde ne s’en porterait-il pas mieux? Or peut-on exiger des autres qu’ils ne nous jugent pas quand on ne se prive pas, nous, de les critiquer chaque fois qu’on ne les comprend pas? Alors est-ce que le premier pas pour être pleinement libre ne serait pas d’arrêter de bitcher sur les autres? N’hésitez pas à répondre à toutes ces questions en commentaire, ça m’intéresse. 

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