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Changer son rapport à soi et aux autres grâce à la congruence

Congruence

Savez-vous ce qu’est la congruence ? Avez-vous, d’ailleurs, déjà entendu ce mot ? Il est possible que vous ayez rencontré ce terme en maths, et si c’est le cas ça tombe bien, car ça n’a absolument rien à voir avec ce dont on va parler dans cet article. (Lecture : 6min42)

La congru… quoi? 

Le mot « congruence » vient du latin congruentia, qui signifie  « conformité ». C’est en tous cas ce que raconte le site du Larousse, donc si vous avez quoique ce soit à redire là dessus, je vous invite à les contacter directement. La congruence, ça désigne le fait d’être en accord avec quelque chose ; c’est avoir des comportements conformes à ses paroles. On peut donc le résumer en disant qu’être congruent.e, c’est dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit. 

À la lecture de cette définition, on est souvent tenté de penser que « ah bah ça va, moi je fais toujours ce que je dis, donc je suis hyper congruent.e ». Et…. C’est peut-être le cas, mais je dois être honnête avec vous : on fait généralement beaucoup moins preuve de congruence qu’on ne le croit. Pourquoi ? Eh bien parce que ça implique, par exemple, de ne jamais mentir, ou encore de savoir reconnaître ses torts. Même le plus petit des mensonges peut faire trembler notre congruence et risquer de la faire s’écrouler. Vous voulez un exemple ? Pas la peine de crier, ça arrive. 

Creuser l’incohérence

Imaginons que votre ami Xylande arrive constamment en retard, chaque fois que vous devez vous voir. Systématiquement, à l’heure du rendez-vous, il vous envoie un message qui dit : « j’arrive dans 5 min, t’inquiète ! », et, systématiquement, il arrive avec au moins 20 min de retard. Bon, déjà, on ne pourra pas le croire si Xylande tente un jour de nous expliquer qu’il est quelqu’un de ponctuel. Et puis quel crédit va-t-on lui accorder, de manière plus générale ? Puisqu’il nous prouve constamment que ses paroles (« j’arrive dans 5 min ») sont en désaccord avec ses actions (« coucou j’arrive pas du tout dans 5 min »), peut-on vraiment prendre ce qu’il nous dit pour acquis ? A défaut de remettre sa parole en question sur d’autres sujets, on risque en tous cas d’être plus à même de douter de cette personne. 

Si cet exemple vous parle peu, en voici un autre : que penseriez-vous d’une personne de votre entourage (ou quelqu’un que vous suivez sur les réseaux), qui se revendique militant écolo tout en se déplaçant en 4×4 – pardon, je crois qu’on dit désormais « SUV », c’est plus classe – en mangeant de la viande matin, midi et soir, et en jetant ses déchets dans la rue ? Quel serait votre niveau de confiance envers cette personne ?

Assumer ses actes

La perte de confiance, c’est aussi ce qui va se produire si Xylande ne reconnait pas ses torts, s’il ne prend pas la responsabilité de ses actions, ou s’il fait preuve de mauvaise foi – ce qui revient grosso modo à la même chose. On peut par exemple imaginer qu’au bout d’un moment, on décide de le confronter sur cette histoire de retards systématiques. On va lui demander, peut-être, de ne plus envoyer ce fameux SMS qui dit qu’il arrive alors que bon, tout le monde sait qu’il vient à peine de sortir de la douche au moment où il l’envoie et que non, jamais il ne sera là dans les minutes qui suivent. Et là, figurez-vous que Xylande nous regarde d’un air étonné et un brin scandalisé. Il s’étrangle avec sa salive avant de s’offusquer : « Quoi ???? Non mais alors là c’est n’importe quoi !! Déjà j’arrive quasiment toujours 5 min après l’envoi de mon SMS, c’est très rare que ce ne soit pas le cas !! Et le reste du temps, je ne mens pas quand je dis que je suis là dans 5 min, je suis toujours à 5 min quand je l’envoie !! C’est quand même pas de ma faute si, à CHAQUE FOIS qu’on doit se voir, il y a des embouteillages, que le bus est en retard ou que je dois m’arrêter en chemin pour faire un massage cardiaque à un passant qui vient de s’écrouler devant moi !! Je dis toujours la vérité et je n’y suis pour rien si des événements extérieurs à moi et bien indépendants de ma volonté repoussent mon heure d’arrivée. Je ne sais pas comment tu oses supposer que je mens, ou dire que je manque de cohérence !!! ». Voilà, là on est sur la première version, alias « mensonges et mauvaise foi c’est pas ma faute à moi ». Je vous décrirais bien ce que ça va provoquer chez la personne en face… Mais je préfère vous laisser visualiser cette situation en imaginant que c’est à vous que Xylande s’adresse, je crois que ça vous éclairera tout autant.

Imaginez, dans un second temps, qu’au lieu de cette réponse, Xylande réagisse à vos propos avec un petit rire gêné et enchaine : « J’avoue, j’abuse avec ces SMS… Je te jure, à chaque fois j’essaie de me persuader que ça peut le faire, que je vais vraiment être là dans 5 min, je me sens trop mal d’être à la bourre et j’ai trop envie d’y croire, alors que de toute évidence, c’est impossible. Je vais arrêter de faire ça, excuse-moi pour les fois passées, et merci de m’en avoir parlé ». Quel scénario préférez-vous ? 

Améliorer son estime de soi

L’intérêt premier à faire preuve de congruence, c’est d’améliorer son estime de soi. Même si, à l’instar de Xylande, on n’a pas toujours envie de le reconnaître face aux autres quand on a merdé, au fond de nous, on le sait. Le mécanisme qui se met alors en place est super toxique : je vais tout faire pour que personne ne réalise que je me suis planté.e, ça devient une source importante de stress dans ma vie, je me dis que je suis nul.le parce que j’aurais du faire autrement, que franchement, je suis même pas capable d’assumer, ça craint du boudin et tutti quanti. Moins je suis congruent.e, plus je me prouve que j’ai raison de penser que je suis nul.le puisque je me retrouve constamment dans la même situation qui, quelque part, me fait dire que je prends régulièrement de mauvaises décisions. J’empile au passage les situations mensongères dont il ne faut surtout pas qu’elles se voient, et j’augmente ainsi constamment le niveau de stress et de peur dans ma vie. 

Et vous savez ce qu’on cache, normalement ? Tout ce qui nous apparait comme honteux. C’est pourquoi un manque de congruence finit par générer de la honte répétée, sapant ainsi notre estime de soi au passage. Sans compter qu’en ne prenant pas la responsabilité de nos actions, on se prouve qu’on n’est pas capable de faire face à telle ou telle situation, qu’on ne peut pas compter sur nous-même, qu’on ne peut pas nous faire confiance. Or, comme vous êtes bien plus futé.e.s que des poulpes (oui, on le sait qu’ils peuvent ouvrir un bocal de cornichons, merci), vous avez certainement compris que le manque de congruence bousille consciencieusement notre confiance en nous. 

À l’inverse, plus nous sommes en accord avec nos propos, plus nous assumons la responsabilité de nos actions, plus notre estime de nous et notre confiance en nous augmentent, plus nous sommes en phase avec nous-même et mieux nous nous sentons au quotidien. 

Etre congruent.e avec les autres

Comme nous l’avons déjà expérimenté un peu plus haut avec Xylande, être congruent.e (ou pas) a également un impact important sur notre relation aux autres. Quand vous avez imaginé, deux paragraphes au dessus, que Xylande vous adressait directement sa réponse full mauvaise foi, vous avez peut-être senti grandir en vous la méfiance. Si cette personne ment, même quand on lui présente des éléments factuels, le tout en s’énervant contre moi et en m’agressant verbalement, refusant non seulement de reconnaître ses actions mais aussi, au passage, toute remise en question, combien de temps, à votre avis, vais-je garder cette personne dans mon cercle amical ? Et c’est là que les mathématiques évoquées dans l’intro prennent tout leur sens, puisque cette info se calcule avec la formule suivante : T = (mensonges x mauvaise foi) / congruence. Le résultat varie, certes, mais une chose est sûre : moins une personne est congruente, moins on lui fait confiance, et moins on a envie de la fréquenter. 

Le manque de congruence, en plus de saboter notre confiance en nous, s’occupe donc aussi de saboter nos relations avec les autres. Petit à petit, on voit les gens s’éloigner de nous, parfois sans aucune raison apparente. Xylande, par exemple, ne comprend pas bien pourquoi un certain nombre de personnes disparaissent brutalement de sa vie, ni pourquoi les gens qu’il rencontre ne semblent pas, pour la plupart d’entre eux, vouloir le fréquenter. 

On peut cependant – et heureusement – faire preuve de peu de congruence sans être complètement isolé.e pour autant. Sauf que… moins nous sommes congruent.e, moins nous sommes en phase avec la personne que nous sommes et moins nous allons donc, très logiquement, rencontrer des gens qui nous correspondent. On peut, par exemple, avoir un bon réseau de connaissances tout en se sentant très seul.e et en ayant le sentiment que personne ne nous comprend. Dire ce qu’on fait, faire ce qu’on dit, assumer ses mots et ses comportements, c’est donc aussi une façon de s’assurer une vie sociale riche et épanouie, avec des personnes qui nous correspondent vraiment, sur qui on peut compter et dont la présence nous fait du bien. 

Peut-on être congruent.e 100% du temps, dans 100% des domaines de la vie ? Probablement pas. Par chance, entre ne pas l’être du tout et l’être de manière parfaitement parfaite, il existe tout un tas de nuances qui laissent de l’espace à une congruence imparfaite et à une évolution future.

Alors, dans quelle mesure pensez-vous être congruent.e?

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