Comment ne rien prendre personnellement?
« N’en faites jamais une affaire personnelle » est l’un des quatre accords toltèques, livre bien connu des aficionados du développement personnel. Mais comment fait-on pour arriver à un tel niveau de détachement ? (Lecture: 3min42)
Qu’est-ce que ça veut dire, concrètement?
Cela signifie qu’on peut entendre des critiques de la part des autres sans être blessé.e et passer les 5 jours suivants à se morfondre en se répétant qu’on est une horrible personne.
Nous avons tous une vision de la réalité qui nous est propre. Nous interprétons sans cesse les situations et tout ce qui nous entoure (hello les distorsions cognitives!), pour donner du sens à ce grand bordel qu’est la vie. Mais comme nous avons tous une histoire, un vécu, des valeurs, des expériences différentes, nous ne donnons pas le même sens à une même situation. Ne rien prendre personnellement, c’est donc accepter que Mireille peut nous trouver égoïste, sans que cela fasse de nous une personne égoïste. Chacun ne fait qu’exprimer son ressenti. Il n’y a pas de vérités absolues, seulement de multiples interprétations d’un même fait.
Comment se détacher des critiques?
Malheureusement, nous apprenons en grandissant, dans notre société, à exprimer nos opinons sous forme de jugements et de vérités. Il est donc important d’activer un petit traducteur automatique interne en cas de critique. « Tu n’as pas de goût » ou « c’est moche » veut juste dire « je ne partage pas les mêmes goûts que toi » (ce qui n’est franchement pas grave, si on y réfléchit). « Tu es égoïste/méchant.e » veut dire que vous ne partagez pas les mêmes valeurs; « c’est complètement con ce que tu dis » dit simplement que votre interlocuteur ne partage pas votre façon de penser ou n’a pas compris ce que vous vouliez dire.
Mais alors comment savoir si les autres ont raison et si on devrait se remettre en question? Ou si, au contraire, nous n’avons rien à modifier? La première étape consiste à chercher à les comprendre en leur demandant simplement pourquoi ils disent ça. Certain.es ne sauront plus quoi dire, d’autres auront des arguments qui vous permettront d’ouvrir la discussion pour passer à la seconde étape: vous demander si vous êtes ou non d’accord avec eux.
Il est impossible de plaire à tout le monde, et cette histoire de filtres personnels rend l’avis d’autrui non fiable. Vous trouverez toujours quelqu’un pour vous dire que vous êtes génial.e et quelqu’un qui vous détestera, il suffit de chercher un peu. Tenir compte de l’avis des autres dans l’espoir de s’améliorer est donc vain, et est le meilleur moyen de perdre de vue qui nous sommes et quelles sont nos valeurs. La seule personne sur qui nous pouvons nous reposer… c’est nous. Si vous trouvez que vous avez bon goût, alors ça n’a pas beaucoup d’importance que Ginette n’aime pas votre nouvelle déco.
Se sentir concerné.e
Si vous sortez dans la rue vêtu.e d’un pantalon et qu’un.e inconnu.e vous glisse en passant que votre jupe est immonde, il y a peu de chance pour que vous vous sentiez attaqué.e personnellement. Cette remarque ne vous concerne tout simplement pas. Il en va de même avec les critiques que nous pouvons recevoir au quotidien. Si on se sent attaqué.e, blessé.e, en colère… alors il y a de bonnes chances pour que nous pensions, au fond de nous, que l’autre a raison. En tous cas, nous ne sommes pas sûr.es à 200% du contraire. S’interroger sur ce qui nous pousse à réagir aussi violemment (même si on ne le montre pas) nous permet d’avancer. Est-ce que Mireille a raison? Suis-je, à mes yeux, une personne égoïste? Marcel s’est senti blessé par mes propos… Avais-je l’intention d’être méchant.e? Si non, pourquoi ai-je à ce point peur qu’on puisse me considérer comme une personne désagréable? Si j’estime ne rien avoir à me reprocher, alors je n’ai rien à me reprocher… Marcel a juste mal interprété mes propos. Je peux en discuter avec lui pour comprendre d’où vient ce malentendu, mais le fait qu’il m’ait mal compris ne fait pas de moi une personne méchante.
Bien sur, nous avons tous des parts de nous qui ne nous sont pas accessibles, dont nous n’avons pas conscience. Si une remarque ou une situation se reproduit régulièrement, il sera alors intéressant de s’interroger sur notre part de responsabilité et d’entamer un travail sur soi pour mieux se comprendre et évoluer.
Cette façon de fonctionner à de multiples atouts. Cela permet de mieux comprendre les autres et de désamorcer de nombreuses situations, créant ainsi des relations plus profondes et plus sereines. On apprend à mieux se connaitre et à revaloriser son propre avis, plutôt que de laisser les autres nous imposer le leur. On gagne alors en confiance en soi et en estime de soi, on est plus épanoui.e et on se sent plus libre.
Et puis cela signifie aussi que nous ne nous résumons pas à une seule action. On peut dire une bêtise par fatigue ou manque d’informations sur un sujet sans être stupide; on peut être maladroit.e sans que ça fasse de nous une personne méchante; on peut être désagréable parfois, sans être un connard ou une connasse… Et si cela est vrai pour nous, alors ça vaut aussi pour les autres. Ce qui veut peut-être dire que le monde n’est pas peuplé de cons, mais d’individus qui ne savent pas s’exprimer (et de quelques cons, faut pas déconner non plus). Et ça, perso, ça me donne de l’espoir pour la suite. Et vous?
A méditer… Et a pratiquer 🙂